BENARES

Notre aventure en Inde touchait doucement à sa fin. Nous avions une dernière destination à explorer, et pas des moindres : Bénarès !

On dit même que Bénarès est le berceau de l’humanité.

Située sur la rive gauche du Gange, la plus sainte des sept rivières sacrées de l’Inde, la ville est considérée comme l’une des plus anciennement habitées du monde. Dédiée principalement à Shiva, elle est la cité qui accueille le plus de pèlerins en Inde.

Varanasi est également réputée pour sa production de soie…

Nous sommes donc repartis de l’orphelinat les souvenirs pleins la tête mais avec l’objectif d’arriver rapidement à Bénarès pour y retrouver l’équipe de tournage d’une grande chaîne de télévision française.

Quelques mois plus tôt, nous avions été contactés pour savoir si nous serions intéressés de participer à une émission dont le thème est « ils ont tout quittés pour changer de vie ».

Ce n’était pas la première fois qu’on nous approchait mais ça n’avait jamais abouti jusque-là.

Cette fois-ci notre profil les intéressait et nous avions rendez-vous dans quelques jours à Bénarès pour commencer le tournage de 10 jours.

Toujours assez prévoyante, j’avais une marge de 3 jours supplémentaires sur le trajet, car sur la route, on ne sait jamais ce qu’il peut arriver et dans notre cas, nous avons toujours une part d’imprévus qui a tendance à souvent nous entraver la route.

Mais cette fois ci, l’imprévu n’était pas de la partie et c’est sans encombre que nous sommes arrivés jusqu’à Bénarès…

Nico avait repéré quelques jours plus tôt un parking situé à côté d’une guest house. L’équipe pouvait dormir à l’hôtel et nous rester sur le parking.

de gauche à droite : Richard, Chloée, Reeta, Didine, Nico, le mari de Reeta

Nous avons fait la connaissance de Reeta et de son mari. Des gens d’une gentillesse exemplaire. Ils nous ont accueillis à bras ouverts. Un bon thé, quelques friandises et de larges sourires.

Comme à notre habitude, nous avons loué un scooter pour pouvoir explorer l’intérieur de la ville. Tu te doute bien qu’avec notre Shaman de 14 tonnes, l’exploration est un peu compliquée !

Nos hôtes n’avait pas de scooter à disposition alors c’est avec une vieille bécane Honda 125Cv que nous sommes partis à l’aventure. Je n’ai pas un très bon souvenir de cette bécane… Comment te dire ? …. Imagine une petite selle et 3 personnes dessus *rires*

Le premier endroit que nous avons absolument voulu voir se sont les gats.

Les ghats de Bénarès sont des marches qui mènent aux rives du Gange. La ville en compte 88. La plupart des gats sont des gats de cérémonie de bain et de puja, tandis que deux d’entre elles, Manikarnika et Harishchandra, sont utilisés exclusivement comme sites de crémation .

La plupart de ces gats ont été reconstruits au 18ème siècle. Les patrons des ghats actuels sont les Marathes, les Shindes ( Scindias ), les Holkars , les Bhonsles , les Peshwes ( Peshwas ) et les Maharajas de Bénarès.

Ce lieu mythique nous a tout de suite plu !

Gats des crémations

En arrivant, une foule multicolore marche en direction du Gange. En tournant la tête, des marchands d’encens, de tissu et de babioles en tout genre te tendent les bras afin de t’inciter à les acheter.

Des odeurs de nourriture, d’épices et d’encens se mêlent au capharnaüm incessant des klaxons de scooter qui essayent de se frayer un chemin.

En arrivant sur la rive c’est la cour des miracles ! Des aveugles, handicapés, mendiants tirent sur nos vêtements pour avoir une petite pièce.

Nous sommes pris dans un tourbillon comme nous ne l’avions jamais été auparavant.

Puis, le véritable spectacle fluvial défile sous nos yeux. Des dizaines de bateaux remplis de touristes voguent sur le fleuve le plus sacré du pays. C’est la nuit, des centaines de lumières éclairent l’horizon. Des cloches retentissent de toute part et quelques personnes se baignent dans le Gange.

J’essaye d’observer leur façon de faire, car demain, se sera mon tour d’y aller pour me purifier !

Notre rencontre avec Richard et Chloée

Le lendemain, Chloée et Richard nous ont enfin rejoint. Après quelques directives et l’installation du matériel, le tournage pouvait enfin commencer.

Pour cette première journée, nous avons prévu de les emmener chez un boucher typique d’Inde. Nous nous sommes rendus dans la rue en face de notre parking, là où nous avions remarqué la veille un billot avec plein de mouches dessus. C’était sûr, nous étions au bon endroit.

A l’entrée de l’échoppe, quelques poules dans une cage très sommaire et un homme accroupi, tenant un couteau entre les orteils.

L’équipe de tournage se met en place, mais avant de commencer à tourner ils nous regardent en nous demandant : « c’est ça le boucher ? »

Bien évidemment avec Nico on s’est regardés et on a rigolé.

Je désigne les poulets dans la cage et je fais signe avec mes doigts que j’en voudrais 2.

Alors le vendeur prend un premier poulet, ni une ni deux il le saigne, le plume et le coupe à l’aide de son couteau bien tranchant entre ses orteils. Même opération avec le deuxième poulet qui finira dans un sac en petits morceaux.

Il ne faut pas croire que cette pratique nous enchante, mais quand on voyage depuis 2 ans, les réserves au congélateur ont été cuisinées depuis un moment et nous avons du accepter de consommer local pour pouvoir continuer à manger de la viande.

Mes poulets au congel, nous reprenons la route direction le Gange. Chloée et Richard ont loué un rickshaw avec chauffeur pour nous suivre et prendre des images.

le boucher et son couteau

Quelle aventure les attendaient ! Ils n’avaient pas encore pris conscience de la frénésie indienne qui allait leur tomber dessus…

Ils équipent la moto de GoPro et Richard quant à lui, tournera avec sa grosse caméra depuis le rickshaw.

Nous partons donc tous ensemble, ayant pour consigne de s’attendre dans la limite du possible.

Je vous épargne les détails de ce trajet… Comment te résumer ça ? Dangereux, périlleux, risqué, compliqué… Pleine heure de pointe indienne, le rickshaw a eu un peu de mal à nous suivre…Mais au final, nous sommes tous arrivés à destination sains et saufs.

Nous retraversons la foule de Bénarès, puis la cour des miracles, puis nous arrivons devant les marches des gats. Un jeune homme se met devant moi et me fais signe qu’il veut me peindre le visage. Dans sa main, des bols dorés contenant des mélanges colorés de poudres. J’accepte contre un petit billet et il m’appose une marque au milieu du front. Puis un groupe de babacools assis par terre depuis des jours me font signe d’approcher et ils me bénissent avec une espèce de plumeau en plumes de paon.

Cette fois c’est sûr, je suis prête pour la purification !

Pour l’occasion, j’ai revêtu un habit traditionnel Pakistanais jaune. Je ne peux pas me permettre d’acheter des tenues dans tous les pays traversés mais porter cette tunique était symbolique pour moi. Je l’avais achetée quelques semaines plus tôt avec mon amie Pakistanaise Waheeja.

la circulation dans Bénarès

Je m’arrête devant les marches, le temps que Richard ait le temps de monter dans un bateau amarré à cet endroit. Je prends le temps d’observer, encore une fois les locaux… Les hommes se trempent entièrement mais les quelques femmes présentent sont habillées et s’humidifient la nuque et les épaules. Je ne sais pas si c’est autoriser pour une femme de s’immerger entièrement mais tant pis, je ferais passer mon ignorance sur le compte de la touriste qui n’était pas au courant.

Après une dernière question de Nico « tu es sûre ma Didinette ? Tu veux vraiment y aller ? » convaincue, déterminée, j’enlève mes chaussures et d’un ton certain je lui répond « Oui ! Complètement sûre ! »

J’attends que les quelques femmes présentes finissent leur rituel puis je descends enfin. Mes pieds commencent à entrer dans l’eau, elle n’est pas si froide que ça… Je descends marche par marche tranquillement, je soulève la corde de sécurité puis je marche jusqu’à être à hauteur pour m’immerger.

Un homme était à côté de moi en train de faire son rituel, je le regarde, je prends une inspiration, je me bouche le nez et hop, j’y vais !

En sortant la tête de l’eau Nico me crie : « tu dois le faire 3 fois ! » ni une, ni deux, j’y retourne une seconde fois, puis une troisième fois sans aucune hésitation.

Ça y’est, je l’ai fait ! Aucune signification religieuse pour moi, mais une énorme symbolique de cœur. C’est un moment que je n’oublierais jamais !

En sortant de l’eau je me sèche et je cherche un endroit isolé pour me changer. En marchant quelques pas je tombe nez à nez avec un prêtre hindou tout coloré. Il voit que je sortais de l’eau et s’approche. Il me parle dans sa langue que je ne comprends pas, puis me touche la tête et entre les yeux comme pour me bénir. C’était un moment très spécial pour moi, indescriptible…

Le prêtre hindou qui m’a bénie en sortant du Gange
Ma baignade dans le Gange

Cette aventure à Bénarès a été d’une telle intensité. Elle restera l’une des plus folles de ma vie. Si tu souhaites toi aussi te rendre sur les gats, voici l’adresse.

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